Yeruldelgger, Ian Manook, Albin Michel
Waouh! ça faisait longtemps que je n'avais pas été accro à un bon polar! c'est vrai que le "pitch" ne pouvait que m'attirer: des grands espaces (mongols) et un flic maudit... le tout écrit par un français inconnu au bataillon et au nom plus qu'impropable, et baroudeur en plus. Que de promesses...
Eh bien! je n'ai pas été déçue par ce 1er roman, mais je me demande ce qu'il attendait pour nous faire profiter de son talent de raconteur d'histoires, d'une langue si belle, d'une composition si bien menée, sans temps morts et crescendo, de la profonde humanité qui se dégage de tout cela? je serai presque énervée là.
Yeruldelgger est un flic mongol cabossé par la vie depuis la mort de sa fillette. Alors, quand le meilleur commissaire d'Oulan-Bator se voit obliger de déterrer le cadavre d'une gamine avec son tricycle en pleine steppe et qu'il doit en plus résoudre un triple meurtre de chinois, autant vous dire qu'il n'a rien à perdre et qu'il ira jusqu'au bout.
Un polar très riche, peuplé de personnages marquants (la légiste, ses collègues, le gamin des bas-fonds), aux multiples rebondissements (je le savais!), sur les ravages causés par les mutations de la société et de la consommation. La Mongolie y est dépeinte dans ses traditions et ses tiraillements actuels, entre le thé rance au beurre et les Experts à Miami...
Suivre l'itinéraire de Yeruldelgger est passionnant tant ce personnage passe par des stades très différents: de la rage primaire à l'anéantissement de tout sentiment, du retour aux sources à la renaissance spirituelle. Cela me rappelle un peu Shibumi, et vu l'âge de l'auteur (mais si, c'est gentil!), ça ne m'étonnerait pas qu'il ait lu quelques Trevanian.
Bref, LISEZ-LE! et en attendant la suite, je retourne vagabonder en esprit, loin.