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Petit Sachem a lu
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9 février 2015

David Vann 2/2

Chronique en retard: la suite!

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Dernier jour sur terre, David Vann, Gallmeister (coll. Totem)*

"14 février 2008. Steve Kazmierczak, 27 ans, se rend armé à son université. Entre 15 h 04 et 15 h 07, il tue cinq personnes et en blesse dix-huit avant de se donner la mort."

J'ai entendu l'auteur à la radio expliquant qu'écrire ce texte, à la demande de son agent, avait été un moment très éprouvant dans sa vie. Que l'étude de ce fait divers l'avait plongé au coeur de la vie de ce "tueur de masse" et de ce qu'il déteste le plus aux États-Unis et qu'il a d'ailleurs fui en partant vivre au bout du monde.

Il entremêle son enquête sur ce jeune homme à sa propre expérience: pour rappel, son père s'est suicidé quand il était adolescent. A sa mort, on lui a confié toutes les armes de son père (!). Très perturbé et se sentant coupable de la mort de son père, il commence à dériver vers de sombres tentations, se promènent avec un fusil, visent ses voisins...

David Vann a eu accès à tous les rapports de police, des services sociaux et psychiatriques en lien avec Steve. Il nous livre une analyse très précise de la vie de ce jeune homme qui menait une vie en apparence banale. Il en ressort une enfance chahutée, des parents irresponsables, la drogue très tôt et les séjours en HP aussi. Pourtant, pendant quelques années, il semblait chercher à s'en sortir en trouvant un nouveau foyer dans l'armée (dont il fut rejeté à cause de son passif psychiatrique), dans les études qu'il prenait très à coeur et où il avait bonne réputation.

Ses entretiens avec ses proches, ses amis et ses petites amies en particulier, sont plus que troublants: l'appétence de ces personnes pour les armes, pour les tueurs en série ou de masse, quelque chose de malsain dans leurs pensées profondes... Que se passe-t-il dans leur esprit? comment en sont-ils arrivés là?

David Vann fustige une Amérique qui se mord la queue: la course à l'armement de monsieur tout-le-monde, les souffrances psychologiques laissées à la dérive.

Conclusion: ça fait mal au ventre de lire David Vann. Il aurait pu être un de ces tueurs mais l'évasion et le soutien qu'il a trouvé dans des ateliers de théâtre à l'école, dans la littérature l'ont sauvé. Mais les autres?

* traduit comme toujours par Laura Derajinski (qui, je l'espère, traduit aussi des textes plus légers?)

 

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Commentaires
L
J'ai beaucoup aimé ce David Vann même s'il est très différent de ses autres romans :)
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P
Tu as raison: ce ne sont pas des livres que je conseille à tout le monde
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F
David Vann n'est définitivement pas pour moi ! Rien qu'à lire tous les résumés de ses bouquins plus les chroniques des blogueuses, je n'ai jamais eu envie de m'y frotter. Serai-je lassée et écoeurée de la noirceur de ce monde ? Sûrement. Serai-je lassée également pas ces auteurs qui se psychanalysent en écrivant ? Très probablement...
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