Alias Ali, Frédéric Roux, Fayard

Uppercutant!

Ne passez pas côté du dernier bouquin de Frédéric Roux dont j'avais adoré L'Hiver indien!

Avec son dernier roman, Alias Ali, F. Roux, réussit un tour de force spectaculaire: constitué uniquement de citations vraies et fausses dans une sorte de collage (sauf trois passages), il bâtit un roman remarquable qu'on ne peut plus lâcher une fois commencé.

Comment est-ce possible me direz-vous? est-ce lisible? est-ce qu'au bout d'un moment, ça vous tombe des mains?

Respectivement, je ne sais pas, oui et non! Enfin je ne sais pas, disons qu'il garde quand même un fil chronologique, qu'il raconte toujours les combats de la même façon (résultats puis déroulement du match) et ça se lit tout seul! Et surtout, il donne à voir une image multidimensionnel du célèbre boxeur et déploie des thèmes d'une grande puissance.

Car Alias Ali, n'est pas qu'un livre sur la boxe. Quoique les passages concernant les jeux de pouvoir et d'argent qui entourent ce sport, et aussi ses parasites, la façon dont ces athlètes ont été utilisés jusqu'à l'épuisment total est bigrement intéressante. Mais c'est surtout une peinture de la société de cette époque: la ségrégation, le racisme, le mouvement pour la cause noire, l'emprise de la religion et de l'argent, la mystification d'une figure pas si héroïque que ça, la relation que chacun peut avoir avec les grands athlètes et le regard déformé que l'on a de la réalité.

Ce livre est tellement passionnant que j'aurais bien aimé avoir une version "augmentée" avec la voix des personnes citées, leurs photos et surtout des extraits de match. En attendant tout ça, je vais chercher la vidéo du combat Ali/Frazier à Manille en 75.

Le seul reproche que je ferai à ce livre, c'est qu'il est trop lourd! je me demande pourquoi Fayard a utilisé un papier aussi épais...ils voulaient sûrement me voir lire ce bouquin dans mon lit avec un coussin dessous pour le caler, comme une vieille mémé.