Le Canyon, Benjamin Percy, Albin Michel
Le Canyon est un roman bouleversant
Nous sommes dans l'état de l'Oregon où un canyon va être irrémédiablement transformé (golf, lodge, etc...bref de quoi faire hérisser les poils de grizzlys de Doug Peacock).
Avant cela, un homme, son fils et son petit-fils vont y passer un dernier week-end de chasse. C'est un lieu qu'ils connaissent bien mais les rapports entre eux sont compliqués: le fils doit faire face à son père, dur et autoritaire, mais aussi essayer d'acquérir une stature face à son propre fils. En plus de ces relations filiales aux sentiments mêlés, il se dégage aussi de ce canyon un danger, une odeur de peur irrationnelle liée à la présence d'un ours.
La tension ressentie par le lecteur est décuplée par une sorte de sous-récit lié à un jeune homme récemment rentré d'Irak et qui développe des fantasmes et des obsessions qui font froid dans le dos. Mais comme l'a bien dit Keisha, ces personnages secondaires auraient peut-être été plus intéressants dans une nouvelle tant le trio sa vaut à lui seul. C'est pour moi le seul bémol à propos de ce livre.
Un roman hautement symbolique où la nature est à la fois une source d'émerveillement et de peur, où les personnages sont marqués par des relations familiales empoisonnées, par des rêves frustrés ou par des traumatismes liés à la guerre. Le passage avec l'ours (je ne peux pas en dire plus) m'a littéralement transporté et vit encore en moi plusieurs semaines après la fin de cette lecture. Une écriture toute en tension et en beauté.